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Extrait 1   |   Extrait 2

p. 11 à 12


Encore combien de temps à demeurer là ? Aurait-il la légendaire patience de Sherbroke le trappeur, égaré dans les neiges du Grand Nord sur la piste d'un loup solitaire ? Serait-il, comme lui, capable de se défendre ? Posséderait-il sa force et son courage ? Mais Sherbroke, lui, était invincible.

Le regard de Sylvain parcourut la salle. Aéroport de Bruxelles-Zaventem, six heures du matin. Des employés derrière des guichets, des porteurs, des gens en uniforme, des personnes qui se saluaient ou s'embrassaient, attendaient, allaient et venaient, conversaient, souriaient ou... pleuraient. Il en vit deux, enlacés, une femme et un homme avec une grosse valise que celui-ci déposa dès que sa compagne commença à sangloter. Il lui prit le visage entre les mains, baisa ses paupières, ses lèvres balbutiantes pleines de je t'aime. Sylvain écarquillait les yeux, il ne voyait plus qu'eux à travers ses larmes. Il ne savait plus pourquoi il pleurait lui aussi. Dans sa bouche, le goût infect et tenace - mélange de whisky, de ketchup et de sauce caramel - le révulsait. Il était perdu et misérable, seul dans la grande salle. Et Érik avait disparu.

Une dame âgée s'approcha de lui. Il accepta le mouchoir tendu. D'un geste mécanique, il passait l'index sur son bec-de-lièvre. Plantée devant lui, la femme regardait aux alentours en répétant d'une voix rassurante : « Ne t'en fais pas, tes parents vont revenir... »

Enfin Érik fut là. Avant de s'en aller, elle les observa. L'adolescent consolait celui qui pleurait, sans doute son petit frère, malgré leur peu de ressemblance. Le premier - la quinzaine, cheveux châtains - avait la taille d'un adulte et une expression déterminée, tandis que le second, avec sa tignasse sombre, son bec-de-lièvre et son visage sale, était comme un gamin paumé.




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