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Extrait 1   |   Extrait 2

p. 183 à 184


Il s'arrêta un instant près d'un muret en pierres pour observer une colonie de fourmis qui s'affairaient autour du cadavre d'une grosse mouche. Elles grimpaient sur la mouche, la secouaient tant et plus et étaient parvenues à la déplacer de quelques centimètres. Il se pencha. Ce qu'il avait cru être un cadavre était en fait un pauvre corps torturé, silencieux dans la souffrance puisqu'une mouche ne crie pas. La mouche était bien vivante mais il lui manquait deux pattes et son ventre n'était plus qu'une plaie, rongée par les fourmis qui, de plus en plus nombreuses, comme alertées par un signal secret, accouraient en masse, s'agglutinaient sur et autour de l'insecte moribond, lui suçaient les pattes restantes... Un carnage. A l'échelle humaine, c'eût été un spectacle insoutenable et c'est ainsi que le ressentit Nathan. Avec son mouchoir, il tenta d'écarter les fourmis mais elles tenaient bon. Il parvint néanmoins à en ôter la plus grande part, s'empara de la mouche et la posa délicatement sur la balustrade d'un autre jardin. Là au moins, elle serait à l'abri des fourmis pendant un petit temps. La mouche bougeait un peu. Elle se mit à marcher maladroitement sur les pattes qui lui restaient, deux, trois fourmis encore accrochées à son ventre. Nathan s'éloigna en se promettant de retrouver, à son retour, l'endroit où il avait laissé la mouche.




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