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Extrait 1   |   Extrait 2

p. 28-29


Quand ils furent tous les deux dans la voiture, ils demeurèrent sans parler. Puis, d'une voix très douce, Lena dit :

- On te ramène chez toi ?

Elle s'était installée sur la banquette arrière à ses côtés. Le garçon leva les yeux vers elle. On y lisait la gratitude, la peur, le doute. Il hocha la tête en signe d'assentiment. Il paraissait beaucoup moins déterminé que quand il était dans le bureau de Lena et semblait la narguer.

Ils roulèrent comme s'ils n'avaient pas de destination. Parfois l'enfant faisait de vagues signes de la main. Toutes les rues, toutes les maisons étaient identiques, et Lena se demandait même s'ils n'étaient pas en train de tourner en rond, dans des quartiers qui ressemblaient de moins en moins à ceux qu'elle connaissait. Ce gosse se jouait-il de son collègue et d'elle ? Mais, de nouveau, il indiqua la direction, cette fois avec plus d'assurance.

- C'est par là que tu habites ? demanda David.

Le garçon acquiesça. Il montra une deuxième rue, puis une autre. C'était un quartier populaire, des rangées de petites maisons ouvrières grises et tristes, avec quelques arbustes, des haies, des jardinets. Au loin se dessinaient les silhouettes de grands arbres. Lena s'interrogea. La forêt était-elle si proche ? La pluie s'était interrompue.

- Ici, dit l'enfant en montrant un muret délabré et une grille.

David arrêta la voiture près d'un platane.

- Tu t'appelles comment ? demanda-t-il.

- Niznayou.

- Ce n'est pas un prénom, ça !

- Laisse-le, David, murmura Lena. Je vais expliquer à ses parents...

- Non ! NON !

Le gamin la fixait avec terreur. Il rabattit sa capuche sur son front et agrippa la poignée de la portière.

- Attends, dit-elle.

Elle lui prit l'autre main avec fermeté et le fit sortir de la voiture. Sans le lâcher, elle se dirigea vers la grille, la poussa, sonna à la porte.




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